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du 17 au 20 mars 2016 (semaine 11)
 


- 20 mars 2016
-Pakistan
ILS MILITENT POUR LA PEINE DE MORT EN CAS DE BLASPHÈME

Trente-cinq formations islamiques pakistanaises ont exigé à Lahore, le 15 mars, le retrait d'une loi de protection des femmes victimes de violences.

Qaiser Sharif, un haut responsable du Jamaat-e-Islami, n’a pas hésité à se montrer menaçant au cas où les autorités du Pendjab n’obéissaient pas à l’injonction de retrait du texte. "Pour sûr, des émeutes se produiront et les rues seront investies", a affirmé ce dirigeant politique, qui a agité le spectre des émeutes de 1977, qui avaient vu le renversement du gouvernement de Zulfikar Ali Bhutto par le général Zia ul-Haq.

Il a aussi rappelé que le Conseil de l’idéologie islamique, l’instance officielle chargée de veiller au respect du caractère islamique des lois votées dans le pays, avait, lui aussi, estimé que la loi de protection était non islamique.

A l’opposé, les organisations de défense des droits de l’homme, les organisations de femmes ainsi que les associations chrétiennes ont défendu la loi votée au Pendjab. Le P. Abid Habib, de la Commission ‘Justice et Paix’, de l’Union des supérieurs majeurs du Pakistan, estime l’opposition à la loi regrettable. 

"Là où ils veulent maintenir les femmes dans un statut d’infériorité, nous nous sommes toujours battus pour la défense de leurs droits", a-t-il indiqué à l’agence Ucanews.

Par contre, le "Mouvement pour la défense du Prophète" (Khtam-e-Nubuwwat), un forum d'avocats pakistanais militant pour le maintien des lois anti-blasphème, affirme que quiconque profère un "blasphème" contre l'islam doit en répondre devant la justice. Dans ce cas, "la seule peine envisageable est la mort", assène Me Ghulam Mustafa Chaudhry.

Cet avocat islamiste est responsable à Lahore d’un groupement qui s’est donné pour mission de veiller à ce que les sinistres lois anti-blasphème soient appliquées dans toute leur rigueur au Pakistan.

Selon Me Chaudhry, Mumtaz Qadri était dans son droit lorsqu’il a assassiné Salman Taseer, ce dernier ayant commis un blasphème en remettant publiquement en cause les lois anti-blasphème.

A l’évidence, les tentatives du gouvernement pakistanais pour encadrer l’application des lois anti-blasphème rencontrent de très forts obstacles. En novembre dernier, la Cour suprême du pays a bien statué pour dire que le simple fait de discuter des lois anti-blasphème ne pouvait pas être tenu pour un blasphème en soi. En pratique, cependant, il est impossible pour quiconque au Pakistan de demander un débat serein et pacifié sur cette question.

En janvier dernier, le Conseil pour l’idéologie islamique, une instance officielle au Pakistan, a proposé d’amender ces lois, mais un tel amendement pourrait également aller dans le sens d’un durcissement de cette législation.

Un sommet a été atteint en 2014, avec 336 affaires. Cependant le nombre est redescendu à 210 en 2015 depuis que des dispositions prises au niveau de la province restreignent la procédure encadrant le dépôt de plainte. Toutefois, les avocats du mouvement extrémiste veillent.

Aucun condamné à mort pour blasphème n’a été exécuté par les autorités au Pakistan, mais les couloirs de la mort des prisons pakistanaises se remplissent peu à peu. Sur les quelque 8.000 condamnés à mort qui s’y trouvent, plus d’un millier le seraient pour des affaires de blasphème.

Selon la Commission ‘"Justice et Paix" de la Conférence des évêques catholiques du Pakistan, entre 1986 et 2009, 964 personnes ont été condamnées pour blasphème. Parmi eux, on compte 479 musulmans, 119 chrétiens, 340 ahmadis, 14 hindous et dix appartenant à d’autres religions. Parmi eux se trouve la chrétienne Asia Bibi, dont l’accusateur, lors de son procès en première instance et en appel, était assisté par un avocat membre de "Khatm-e-Nubuwwat".

Désormais, les avocats favorables à la démocratie (Mouvement des avocats, Mouvement pour la restauration de l’ordre judiciaire, Mouvement des robes noires) semblent être nettement moins visibles que les avocats virulents qui visent à une plus grande islamisation de la société pakistanaise. (source
: cath.ch)

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